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Ondes de choc
Le livre de Sébastien Mort montre comment la radio conservatrice préfigure le trumpisme, avec sa rhétorique antiprogressiste, son obsession maladive de la gauche, son mépris total du consensus politique ainsi que du réel, en faveur de fantaisies complotistes
Histoire médiatique et politique de la radio conservatrice aux Etats-Unis
Les médias conservateurs utilisent depuis les années 80 et surtout 90 la stratégie de la confusion, du déni en cas de défaite, du media bashing et du dédain pour les institutions démocratiques qui annoncent l’ère Trump (comme l’appel à saturer le service téléphonique pour signaler des irrégularités dans le vote ou la campagne pour déstabiliser les primaires démocrates), bref une stratégie du chaos tout à fait assumée. Bien avant Trump, la star de la radio conservatrice Rush Limbaugh affiche un mépris total pour la réalité (comme lorsqu’il relate le scandale d’Abou Ghraib), fait de la lutte contre le politiquement correct sa mission et accuse les médias non conservateurs de « drive-by media », l’ancêtre du fameux « fake news media » de Trump. Extrêmement bien documenté, le livre montre que lorsque les médias sociaux arrivent, la rhétorique contre les médias, qui seraient massivement rangés du côté progressiste, est déjà bien huilée, un héritage par ailleurs de la présidence Nixon, qui popularise l’usage péjoratif et généralisant de « the media ». De quoi nous rappeler que le déterminisme technologique n’a jamais réussi à expliquer la résurgence du discours réactionnaire.
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